Lubumbashi: Autochtonie ou compétence, la gestion de la ville prise au piège

Lubumbashi: Autochtonie ou compétence, la gestion de la ville prise au piège

En RDC, Lubumbashi capitale économique, est au cœur d’une crise institutionnelle qui expose les tensions entre l’impératif de la compétence administrative et les revendications de l’autochtonie. Depuis plusieurs mois, le différend entre Patrick Kafwimbi et Joyce Tunda Kazadi, tous deux membres de la majorité au pouvoir, a transformé l’administration locale en une arène médiatique et politique. Les enjeux vont au-delà des conflits administratifs jusqu’à toucher au droit de sol.

Pendant ce temps, Lubumbashi fait face à des défis colossaux, entre autre, l’insalubrité chronique, l’insécurité grandissante et l’anarchie des marchés.

Pourtant, lors de la nomination du gestionnaire de cette ville stratégique, le débat public s’est focalisé non pas sur l’expérience, le bilan ou les propositions de solutions, mais plutôt sur l’origine territoriale du responsable. Le vendredi  24 octobre dernier , le remplacement de Patrick Kafwimbi par Joyce Tunda Kazadi a provoqué une vague de contestations.  L’association socioculturelle Sempya a notamment exprimé son désaccord, menant même à l’interpellation de son Président, Michel Kalwa.

Face à cette préoccupation identitaire, des voix s’élèvent pour privilégier l’efficacité. Le Professeur Maurice Banza, politologue, soutient que le développement d’une entité dépend avant tout de la compétence et de la bonne gouvernance.  » Le plus important, c’est la compétence. Or, dans la gestion publique, vous avez un gestionnaire compétent, c’est-à-dire celui qui trouve, à l’heure qu’il faut, des solutions aux problèmes auxquels la population est confrontée, que l’on soit autochtone ou pas. Dès lors qu’il y a satisfaction face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, autochtones ou non autochtones, tout le monde se retrouve dans la gestion. Malheureusement, cette situation s’explique par la culture politique à laquelle nous sommes assujettis. Et nous l’avons toujours dit à haute voix : c’est une culture politique qu’on appelle paroissiale qui fait des individus prisonniers de leur appartenance culturelle et sociale » a-t-il déploré.

Professeur Maurice Banza

Cette crise institutionnelle, qui paralyse l’action urbaine, révèle une faille dans le système de désignation des responsables locaux, estiment d’aucuns. D’où l’appel à l’organisation rapide d’élections locales pour conférer une légitimité démocratique aux dirigeants.

Entretemps, les problèmes d’insalubrité et d’insécurité continuent de s’accumuler, illustrant le véritable coût de cette paralysie institutionnelle.

Daniel FARAY

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