RDC : Vital Kamerhe, un départ contraint qui ébranle l’Union sacrée?
Vital Kamerhe, figure incontournable de la politique congolaise et président de l’Assemblée nationale, a démissionné de ses fonctions ce lundi 22 septembre 2025.
Un départ motivé officiellement par des « raisons de conviction personnelle », mais qui sonne comme une éviction orchestrée.
Le « pacificateur » de la politique congolaise, comme il est surnommé, n’a en effet pas attendu la plénière convoquée pour statuer sur son sort, alors qu’une pétition réclamant sa déchéance, signée par plus de 250 députés, visait déjà cinq membres de son bureau.
Si Vital Kamerhe a tenté de masquer son départ derrière un choix personnel, la réalité est tout autre. Sa démission intervient dans un contexte de forte tension au sein de l’Assemblée nationale. Une pétition, initiée par des députés du parti au pouvoir, membres de l’Union sacrée , la coalition au pouvoir de Félix Tshisekedi, était sous examen. Les griefs évoqués, allant de l’incompétence à la gestion opaque.
Pour beaucoup d’observateurs, Vital Kamerhe, perçu comme un potentiel candidat à la présidentielle en 2028, était devenu une figure encombrante. Cette pétition, avec ses 262 signatures, soit plus que la majorité requise, était l’instrument parfait pour l’écarter de la présidence de la Chambre basse. En démissionnant avant le vote, Kamerhe évite une humiliante destitution, mais il ne change en rien le fond du problème , la crise de confiance au sein de la coalition du chef de l’État.
La démission de Vital Kamerhe n’est pas un incident isolé, mais le reflet des profondes fissures qui minent l’Union sacrée. Une coalition, bâtie pour consolider le pouvoir de Félix Tshisekedi après son alliance avortée avec Joseph Kabila, qui est aujourd’hui rongée par les rivalités internes, d’après le constat.
Ce départ forcé de l’une de ses figures les plus influentes met en évidence une stratégie de « purge » en cours, où ceux qui pourraient faire de l’ombre au chef de l’État sont progressivement écartés, estime un analyste des questions politiques.
Cette dynamique est particulièrement dangereuse dans un pays confronté à une situation sécuritaire critique dans l’Est. Alors que le front de la guerre avec le Rwanda et le M23 exige une cohésion nationale, les luttes intestines de la classe politique affaiblissent la gouvernance et envoient un signal de faiblesse à la population et aux adversaires de la RDC, fait savoir une opinion.
La démission de Vital Kamerhe est un tournant. L’ancien directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, qui avait déjà été contraint à la démission de ce même poste de speaker de la chambre basse du parlement en 2009 sous Joseph Kabila, se retrouve une nouvelle fois mis à l’écart de façon indirect.
Cette fois, son départ pourrait être un prélude à un nouveau positionnement politique. En se libérant de son poste, il pourrait se consacrer pleinement à son rôle de leader de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et se préparer à une éventuelle candidature pour la prochaine élection présidentielle , estime d’aucuns.
Daniel Faray
